lundi 27 novembre 2017

LA NUIT VERNIE (Expo « Nous sommes Foot » au Mucem)

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Incontournable : La Nuit Vernie, vendredi 1er décembre en nocturne


L’expo extraordinaire « Nous sommes Foot » qui se tient au Mucem jusqu’au 4 février 2018 connaît un succès sans précédent, aussi bien en terme médiatique que du point de vue de sa fréquentation. Le pari d’amener vers le foot le public des musées, mais aussi dans l’autre sens, de faire venir au Musée les passionnés de football est déjà très réussi.
Nous ne pouvons qu’encourager sans réserve tous ceux qui n’ont pas encore eu la possibilité de venir à y aller pour s’imprégner de toutes les dimensions du foot, cette passion planétaire, ce langage universel qui unit bien plus les peuples qu’il ne les oppose.

Pourquoi ne pas le faire alors dès ce vendredi 1er décembre pour « La Nuit vernie », un évènement extraordinaire et complètement original, énorme, qui mêlera ambiance du football et musique électro, avec pas moins de 4 DJies qui plaqueront leurs mix par-dessus les deux plus belles ambiances du championnat de France de Ligue 1.

VOIR OU REVOIR OU RE-REVOIR L’EXPO « NOUS SOMMES FOOT ».
Vous pourrez dans un premier temps découvrir l’expo avec comme guide les plus passionnés des étudiants de la fac Aix-Marseille 1 qui partageront avec enthousiasme leurs découvertes autour des jeux et des enjeux du ballon rond. En parallèle, la soirée vernie et surtout festive, se poursuivra avec les deux matchs en back to back de DJies fanas de foot sur fond de voyage musical.

19h

Le derby Lyon / Saint-Etienne : G2S (Lyon) vs Kaffe Creme (Saint-Etienne)

G2S (C) DR


G2S est un DJ lyonnais de la nouvelle génération affilié au collectif de La Chinerie : adepte du sampling vinyle et du matériel à l’ancienne, ilpropose sa propre vision organique et poussiéreuse de la house (et parfois du hip-hop) à travers ses productions.

Kaffe Creme (DR)

Kaffe Creme est un artiste à part. Il a affiné sa culture musicale, ses goûts et son oreille pendant près de 14 ans au conservatoire avant de de se tourner vers la musique électronique. Jazz, funk, disco, house, électro ; son éclectisme transpire au travers de ses Dj-sets qu’il considère lui-même « comme des histoires ». 


22h
Le classico Marseille / Paris : Dj Oil (Marseille) vs DJ Yellow (Paris)

DJ Oil (DR)

Inutile de présenter le Marseillais Lionel Corsini aka DJ Oil, producteur, auteur et DJ depuis 1988. Ex-membre du groupe Troublemakers, il est aussi l'un des fondateurs du club de supporters MTP (avec Depé). Il a aussi a été entraineur de foot de minots à Marseille !


DJ Yellow aka Alain Ho est probablement le fan #1 du PSG sur la scène électro. Fondateur du label Yellow Productions, il est l'initiateur d'une rencontre improbable entre musiques électroniques et bossa brésilienne.


https://www.facebook.com/events/369788830145773/

mercredi 2 août 2017

MANHATTAN BLUES, Jean-Claude Charles


Il y a des auteurs qui même après leur mort n’ont toujours pas atteint toute la notoriété qu’ils méritent. Jean-Claude Charles est de ceux-là. Né à Haïti en 1949, parti faire des études, qu’il abandonnera, au Mexique, il ira ensuite à Chicago puis surtout à New-York avant de devenir journaliste à Paris où il avait repris ses études. Il décèdera en 2008, laissant derrière lui deux recueils de poésie, trois essais et quatre romans dont cet extraordinaire MANHATTAN BLUES publié en 1985 par Bernard Barrault.

Ferdinand vit à Paris mais vient passer quelques jours à New-York pour écrire dans l’appartement de sa maîtresse Jenny, qu’elle n’occupe pas, pendant une parenthèse de leur histoire amoureuse qui les a éloignés. Il vient aussi pour trouver des financements pour un film mais tout cela ne va plus guère compter quand il va rencontrer Fran, une traductrice au bord de la rupture avec Bill un peintre qui ne lui laisse guère de place dans son appartement atelier. L’histoire fortement autobiographique est ténue et n’a finalement que peu d’importance face à cette écriture très inspirée par deux références revendiquées, Joyce et Céline, qui déconstruit la langue pour créer un rythme aussi chaloupé qu’un standard de jazz, on écoute pas mal de musique dans ce roman. On a ici un verbe qui traduit avec beaucoup d’élégance et de liberté le rythme de la pensée, celui interne de chaque personnage, les idées qui passent, les certitudes, les doutes, et les peurs. Ces personnages de l’ère Reagan sont tous largués et peinent à assumer leurs sentiments dans une Amérique en mutation. Une grande contribution d’un écrivain noir à la Littérature francophone avec cette écriture qui invente sa propre forme. En arrière-fond, il y a le New-York de l’avant 11 septembre que les amoureux de cette ville prendront plaisir à retrouver car les personnages s’y promènent beaucoup, à toutes les heures du jour et de la nuit. MANHATTAN BLUES est un vrai putain de bon livre, il n’est guère étonnant que Marguerite Duras l’ait avalé en une nuit avant d’en parler avec beaucoup de respect pour son auteur.

Il faut ici saluer la formidable initiative des éditions Mémoire d’encrier de rééditer toute l’oeuvre de Jean-Claude Charles, une maison d’édition dynamique qui porte haut et fort la littérature et la pensée des auteurs noirs. On ne peut qu’inviter les bons libraires français à référencer le meilleur de ce catalogue brillant et vibrant. Les éditions Mémoire d’encrier sont maintenant diffusées et distribuées par DG DIFFUSION.






dimanche 14 mai 2017

LES VIVANTS AU PRIX DES MORTS, René FRÉGNI




Le Frégni nouveau vient de se poser sur les tables des libraires. C'est le moment de nous jeter sur lui comme sur le bon pain sorti du four et de savourer goulûment ce concentré de nature pétri par un artisan écrivain aux phrases alchimiques. Le marseillais de Manosque n'a pas son pareil pour partager ses émotions nées de longues promenades au coeur de la Provence, ou transformer chaque instant de vie en concentré de littérature, entre philosophie et méditation, pour évoquer aussi la puissance érotique des femmes. Le plaisir se renouvelle à chaque fois comme un miracle pour le lecteur confronté aux justes confessions d'un bonheur simple face à la beauté de ces lieux que Giono a chantés, à l'amour... ou à l'angoisse de mourir. On retrouve dans la première partie de ce nouveau livre, Les vivants au prix des morts, la subtile narration qui fonde le charme des ouvrages de René Frégni, celle qui place très vite le lecteur en communion avec lui, règle les battements du cœur sur les douces vibrations d'une âme en recherche de transparence. Avec La fiancée des corbeaux et Je me souviens de tous vos rêves, ses deux derniers ouvrages, on avait presque perdu de vue que Frégni est aussi un auteur de roman noir qui ne rechigne pas à tremper sa plume dans l'ombre profonde. Cette capacité à réussir dans deux genres très différents a-t-elle fini par provoquer une encombrante dualité, un combat au sein de sa matrice créative, au point qu'il semble avoir voulu les placer en affrontement au coeur de son nouveau livre ? Sans doute que oui. Avec l'irruption dans son univers contemplatif et amoureux de Kader, un truand chevronné rencontré dans les ateliers d'écriture que l'écrivain a longtemps dispensés en prison, on pourrait presque voir comme une perversion de placer la violence et le feu dans le sein même de la beauté des choses. Le récit devient d'autant plus inquiétant qu'il y a quelques années d'autres personnages, véritables ceux-là, s'étaient installés réellement dans la vie de Frégni le replongeant malgré lui dans l'univers froid et sans âme d'une cellule de prison. Il en était ressorti blanchi mais pas indemne avec un livre d'une grande puissance,Tu tomberas avec la nuit. Si les livres suivants travaillèrent sur la recherche et l'exposition des bonheurs simples, sans doute pour se laver l'âme après une effroyable descente aux enfers, voilà que l'authenticité qui transpirait de ce récit renforce celui du nouveau livre, au point que nous ressentons la peur qui monte au milieu du journal qui lui donne sa forme. Les jours s'égrènent et le danger se rapproche, la mort frappe avec toute son horreur mais ce qui se joue dans la progression de la lecture, loin d'une démarche perverse où l'âme noire avilirait la beauté, n'est rien d'autre qu'un ultime combat entre le bien et le mal à l'état pur. Le mal de la convoitise et de l'avidité, le mal de la puissance de l'argent face à laquelle la vie compte si peu. Le mal qui oblige au travestissement de la vérité. Le narrateur, je ne dis pas Frégni car personne ne peut situer exactement où finit la vérité et où commence la fiction, va mentir à pas mal de personnages pour les préserver et pour se protéger lui-même. Il va mentir aux femmes, à Isabelle sa compagne fiancée des corbeaux, à sa voisine infirmière, à Odile auprès de laquelle il trouve refuge. Il va mentir à Mario qui n'inspire que le dégoût, au policier qui l'interroge. Il est question ici d'une guerre intérieure entre mensonge et vérité, celle qui se niche au coeur de la création littéraire. Cet affrontement transcende le récit au point qu'on passe facilement sur une invraisemblance, celle qui omet une investigation poussée par les policiers de l'appartement de René, cet endroit sacré où se cisèle son oeuvre, le foyer de son écriture où une incarnation du mal finira avec une langue noire qui l'obsèdera longtemps. La fin, que nous ne dévoilerons pas, n'en est pas forcément une. Elle est ouverte et peut appeler une suite. Nous pouvons nous montrer curieux de savoir ce que fera René Frégni de son double littéraire dans sa prochaine livraison. Se sauvera-t-il définitivement des griffes du mal ? La rédemption peut-elle conclure le destin de Kader ? Un grand livre à lire absolument.


Les vivants au prix des morts, René Frégni, éditions Gallimard, 18€


lundi 3 avril 2017

MADEMOISELLE ESPÉRANCE


C'est en clôture du 4e festival d'Overlittérature, se tenant biennalement dans la ville de Septèmes, qu'était présenté hier pour la première fois la pièce de Gilles Ascaride Mademoiselle Espérance, et autant prévenir le lecteur qui passe par ici, je ne suis pas sûr d'être capable de restituer le très beau moment d'émotion que nous avons eu la chance d'y vivre. Parce qu'à dire vrai, si nous n'avions aucun doute sur la qualité de ce qui nous serait proposé nous ne pensions pas qu'elle atteindrait ce niveau de perfection dans la combinaison de l'écriture, du thème, de la mise en scène et de l'interprétation, bref de tout ce qui concourt à la réussite d'une œuvre théâtrale et comme c'est le cas ici, d'un véritable petit bijou. Il est bien sûr inutile de se laisser aller à la maladresse élogieuse, souvent improductive, surtout quand il faut s'efforcer à la concision dans ce monde numérique qui ne supporte pas la longueur. Il est temps d'être factuel, soit. La pièce se déroule dans la chambre d'une maison de retraite, celle de Madame Eugénie qui raconte à un infirmier musicien comment elle est devenue Mademoiselle Espérance, vedette du Music-Hall marseillais. Alors, dit comme çà, ce n'est pas forcément très sexy, d'autant que rien ne nous est épargné des outrances de la vieillesse, mais c'est un formidable prétexte pour Gilles Ascaride qui écrit ici un rôle de femme de caractère qui lui ressemble, tout à la fois cabotine, généreuse, excessive, susceptible et authentique. "Eugénie Graziani, c'est moi" semble-t-il nous dire malicieusement. C'est une pièce qui parle de la mémoire et des chansons populaires, qui mieux que n'importe quelle œuvre fixent l'air du temps et savent si bien le restituer tout en libérant les émotions jadis générées. C'est une pièce qui évoque la période de l'avant-guerre, que le Music-Hall aidait à rendre plus légère car on y riait beaucoup, elle se termine avec le bruit des trains emportant les juifs pour un aller-simple vers l'enfer des camps de la mort. Une pièce totalement marseillaise mais qui résonnera dans l'esprit de tous, d'ici ou d'ailleurs, l'accent et les expressions d'Eugénie l'inscrivent profondément dans ce mouvement Overlittérature qui s'adresse à l'univers à partir de Marseille, dont Ascaride s'est autoproclamé le Roi... à juste titre. Et puis, parce qu'un texte de théâtre ne prend toute son amplitude que lorsque les comédiens ont l'art de lui donner la vie, soulignons à l'encre rouge la formidable performance d'Edwige Pellissier qui, sous un masque rappelant la comedia dell'arte, chante, danse, s'enivre dans le corps en bout de course d'Eugénie. Formidable interprétation qu'elle livre ici, bien soutenue par son partenaire Bernard Ariu dont le travail se révèle précieux par la musique et l'humanité qu'il donne à son personnage. On insistera aussi sur la mise en scène soignée de Julien Asselin qui découpe parfaitement chaque séquence, les déplacements sont tous justifiés et renforcent la cohésion de l'ensemble. Une totale réussite que cette Mademoiselle Espérance dont il serait tout à fait scandaleux qu'aucun théâtre marseillais ne la programme pour donner au public l'occasion de la savourer. Attention, chef d'œuvre serais-je même tenté de dire, mais comme il y aura toujours deux ou trois couillesti qui se demanderont pour qui je me prends à sortir des choses pareilles, je préfère le dire en langage overlittéraire, que cette pièce c'est comme quand ton partenaire te fait un carreau en place à 12-12 sur la dernière boule, ou comme quand un joueur de l'OM de vingt-cinq mètres t'expédie un boulet de canon en pleine lucarne que ça te décolle du fauteuil, d'ailleurs la petite qui joue, pour de bon c'est un canon, comme quand il te vient le gonfle devant les plus grands films, que tu ris et pleures dans le même mouvement, car nous sommes nombreux à y être allé d'une belle larmette... ma parole, le gonfle... et puis voilà, vous m'avez gonflé, vous aviez qu'à être là. Ou alors, allez la voir cet été à Avignon cette Mademoiselle Espérance si vous ne me croyez pas. Voilà, vé ! Sas que... 
Ci-dessous les coordonnées pour Avignon.  

      




mercredi 15 mars 2017

VARSOVIE, VARSOVIE de Didier ZUILI


C'est un livre fort qui vient des profondeurs.
Quand des hommes de Pouvoir, des voleurs de pouvoir, entraînent leurs soldats dans la folie assassine, d'autres s'efforcent de sauver ce qui peut l'être, quelque chose d'essentiel et de fugace comme la mémoire, car l'oubli est parfois pire que la mort. Il faut voir cette BD comme une remarquable contribution à la lutte contre l'oubli avec l'exposition de l'acte héroïque et fondamental accompli par Emmanuel Ringelblum, l'un des responsables des juifs du Ghetto de Varsovie. Ce personnage dont peu de gens connaissent l'existence a choisi d'aller au sacrifice, le sien et celui de sa famille, pour non seulement mener jusqu'au bout une folle et noble entreprise de sauvetage de la mémoire, celles de ceux qui ont été enfermés dans l'ignoble souricière, mais aussi pour participer au soulèvement des dernières forces vives de ce ghetto. Rien ne nous est épargné. Rien, vraiment ? On se doute que dans la masse d'informations que Didier Zuili, l'auteur de Varsovie, Varsovie a consultée, il a dû beaucoup tailler, éliminer, se limiter, afin de ne pas tomber dans le piège d'empiler l'horreur sur l'horreur. On imagine aisément la cruauté des choix qu'il lui a fallu opérer pour créer une ligne de narration claire qui n'occulte rien de l'essentiel sans la surcharger. Car la tentation devait être grande. Nous assistons ici au retour à Varsovie de Yentl Perlmann, une historienne américaine extirpée du ghetto quand elle n'était encore qu'une enfant, grâce à Jonasz, l'autre personnage principal du livre, un jeune homme courageux et téméraire. L'historienne vient témoigner du passé devant une classe d'enfants dans une démarche pédagogique et émotionnelle. Ce récit est le sien. L'habileté de Didier Zuili consiste à placer Ringelblum, au rôle pourtant central, presque à la marge de son histoire, ce qui lui évite le didactisme, piège de toute fiction historique. Par la force de son dessin, car c'est aussi sa performance, être tout à la fois le scénariste et le dessinateur de cette œuvre, il nous plonge dans le ghetto étouffant où l'amour et la solidarité tentent de résister à la veulerie et aux lâchetés que la peur sait inspirer. C'est un dessin qui pue le sang et la mort. Un dessin expressionniste ondoyant comme les rêves funèbres, parce que la réalité est inadmissible, avec des personnages au teint argileux plongés malgré eux dans les noirceurs de l'humanité. Il utilise pour la partie flashback des couleurs sombres, sauf pour la chevelure flamme de Jonasz  et laisse en noir et blanc la partie moderne. Ringelblum et d'autres choisirent d'enterrer des milliers de pages sur lesquelles étaient consigné tous les détails de la vie du ghetto, documents et décisions administratifs mais aussi les histoires individuelles, les doutes, les espoirs dérisoires. Ces archives furent retrouvées après la guerre. Elles font partie aujourd'hui du registre international "Mémoire du Monde" de l'UNESCO.
Varsovie, Varsovie de Didier Zuili est un ouvrage qui vient donc des profondeurs de la Terre et de l'âme. Du beau travail qui doit prendre sa place dans toutes les bibliothèques, à côté du Journal d'Anne Frank, ou de Si c'est un homme, particulièrement dans un moment de la vie politique française qui voit un parti d'extrême-droite avancer vers les plus hautes marches du Pouvoir, en masquant sous un habillage grossier de respectabilité des idées racistes nauséabondes, nazies et révisionnistes. Alors que pendant ce temps, les islamistes radicaux propagent la haine du juif chez une partie de la jeunesse française issue de l'immigration...
Attention ! Attention, vous qui voulez croire en l'humanité !!!
Achetez, lisez, conservez, ou faites passer ce Varsovie, Varsovie de Didier Zuili, éditions Marabulles. 17,95€. Dans toutes les bonnes librairies.















mardi 31 janvier 2017

ROCK DES BANLIEUES, DE ROBERT "ROCK" ROSSI



Avec Rock des banlieues, Robert "Rock" Rossi, globe-trotter invétéré, mélange de Kérouac et de Zappa généré ou dégénéré au nord de La Belle de Mai, nous propose un fantastique voyage dans le temps via Planète Marseille... où il ne dansa jamais le mia, pas vraiment le genre du mec. L'un des créateurs du groupe mythique de rock, "Quartiers Nord" (pour les initiés QN, plus de cul moins de haine), nous raconte ici comment des potes de lycée décidèrent, au milieu du désert culturel qu'était Marseille dans les années 70, d'apposer leur marque sur les scènes de la ville au mépris de toute facilité musicale, scénique et surtout de langage, car il fallait être jobard complet pour imaginer qu'il y avait le moindre avenir à chanter du rock dans la langue des quartiers populaires de Marseille. Le succès n'était peut-être pas le souci de ceux qui montèrent des groupes les uns après les autres au gré de la maturation de leurs influences, avant que naisse celui qui fêtera finalement ses quarante années d'existence à la fin de 2017 au Toursky (c'est trop tôt pour réserver). Avec un regard sans concession sur Marseille, cette grande drôlerie qui est la marque féroce de QN, en plus de cette qualité musicale singulière relevée dès l'un des premiers articles dans Libération, à la grande époque du quotidien, mais avec aussi une étonnante précision dans les détails qui montre que Robert Rossi, aujourd'hui historien, il a soutenu sa thèse en 2015 sur le fantaisiste littérateur marseillais Léo Taxil, eut très tôt le sens de la trace, l'idée qu'il fallait noter pour que jamais rien ne se perde, ce qui nous permet d'évoluer avec lui dans ce qu'il qualifie finalement de roman autobiographique à la recherche d'un batteur, il y en eut pas mal pour des motifs souvent désopilants, mais aussi de lieux de répétition, de scènes sur lesquelles se produire, les amphis des facs furent au départ les plus accueillants, recherche aussi de service d'ordre, le premier concert à La Viste ayant plutôt mal tourné au sens propre et figuré, jusqu'à un producteur nazi totalement déjanté. Au milieu, il y a les filles plus matures que cette joyeuse bande, ou les fêlés en quête de paradis artificiels qui se joindront à l'aventure, certains faisant un détour par la case Baumettes, le bad trip de Pelugue devant la résidence universitaire d'Aix vous tordra de rire, et les voyages en solitaire de Rock avec des budgets plus que limités en Égypte, au Maroc et en Algérie au temps du Polisario, mais aussi en Écosse et à Londres, tout cela dessine ainsi l'itinéraire particulier d'un enfant du rock et de Marseille et de cette aventure musicale incomparable qu'il continue aujourd'hui avec Loize, le guitariste, ami d'enfance, et bien d'autres. C'est rythmé, c'est drôle, c'est précis, c'est Quartiers Nord, à lire absolument.
Rock des banlieues, dans toutes les bonnes librairies. 15€.