samedi 7 mai 2016

PASSAGES À L'ÉTRANGER, Gilles Ascaride



Vient de sortir dans les librairies une nouvelle œuvre aux éditions du Fioupélan signée du roi de l'Overlittérature.
Comme son auteur, ce livre quand tu le vois et que tu le feuillettes, il a l'air tout frêle mais mèfi, il est bourré d'une drôle d'énergie.
Gilles Ascaride nous apprend dans Passages à l'étranger qu'il a pas mal voyagé dans le vaste monde.
Son livre est un assemblage, une compilation alchimique de notes de voyages extravagantes, quarante ans de déplacements absurdes et désordonnés, restitués dans leur chronologie mais compressés sous vide en 108 pages qui se savourent dans une hâte lente, un doux vertige. Qu'on me pardonne ces images, je cherche à rendre la sensation particulière du lecteur de ce journal de voyage si renversant qu'il finit lui-même par nous voyager dans l'esprit.
Ascaride, sociologue, fin observateur politique, écrivain, comédien, semble nous confier qu'à son exemple, l'ailleurs a beau paraître multiple il n'en est pas moins unique. Comme le voyageur, le monde bouge mais ne change guère même si le temps avance, inexorable. Il a beau expérimenter l'éloignement, Gilles Ascaride ne se perd jamais de vue, c'est souvent son anniversaire, il est bien trop plein de lui-même pour s'oublier dans les décors, fussent-ils traversés par les mythes de l'Histoire et de la littérature, il s'y déplace avec son égo, bagage espiègle composé de ses humeurs et de son humour, dans lequel combattent ses propres limites et sa soif d'absolu. Loin de vouloir se perdre dans le monde, il ne cesse de s'y mesurer.
"Samedi 15 août
Vaduz
Liechtenstein
Petit, petit, petit, voilà enfin un petit pays qui s'est offert un petit roi. Caustique et moqueur je me mis à railler Son Altesse Hans-Adam II qui, prétendais-je, devait se tenir sur un seul pied afin de ne pas piétiner hors de ses états. Puis je raillais un peu moins en pensant que je lui ressemblais pas mal."
Devenu personnage, en se dispersant façon puzzle autour de la planète, le voyageur nous distille d'habiles petites touches de son âme, à moins que ce ne soit juste un inconscient prudent qui le dépasse à chaque étape pour nous aider par la suite à la recomposer. D'ailleurs à la fin, il se retrouvera. Il y a Amalfi, petite ville italienne, berceau de sa famille, et tout au bout de la boucle, Marseille où il est né pour devenir cet être unique et irremplaçable car si profondément complexe et singulier. Oui, Marseille, car il y a quelque chose de bien plus fort que l'appel de l'ailleurs, c'est l'appel de l'aïoli.
À déguster traanquiiillee, dans les trains, les avions, les hôtels.
Hè ma foi, on est pas que des touristes, non ?

Passages à l'étranger de Gilles Ascaride, éditions Le Fioupélan. 10€. Demandez-le à votre libraire.  

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